Par Hicham Alaoui — Salle comble, atmosphère festive, conviviale et chaleureuse, des femmes pionnière venant de toutes les régions du Maroc, des pays arabes, africains et des Etats Unis d’Amérique étaient au rendez-vous ce mardi à Laâyoune, pour prendre part Forum des femmes sahraouies, initié cette année sous le thème « Leadership des femmes et autonomisation économique ».Le sentiment des retrouvailles était là après une période de claustration et de prééminence des rencontres à distance. Ceci a donné du baume au cœur pour les participantes qui considèrent cette conférence comme une occasion propice pour renouer avec la vie normale.
Cette rencontre se veut un espace pour promouvoir les coopératives féminines et renforcer leur esprit d’innovation dans le domaine de la valorisation des produits et commercialisation, notamment les coopératives opérant dans les domaines de l’agriculture, la pêche et l’artisanat.
Mme Fatima Laili, présidente du Forum des femmes sahraouies pour le Développement et la Démocratie, initiatrice de cet évènement, n’a pas caché sa joie d’avoir pu réunir un gotha féminin venant de plusieurs pays, soulignant que cette rencontre vise à échanger entre les différents femmes leaders, à bénéficier des expériences des uns et des autres et à tirer profit des bonnes pratiques en matière d’autonomisation économique des femmes.
Elle a formé le vœu que cette rencontre puisse déboucher sur des recommandations précises avec un calendrier réalisable, en vue de permettre aux femmes marocaines en général et aux femmes sahraouies en particulier, qu’elles soient entrepreneures ou actives les coopératives, de mettre en valeur leurs compétences pour une renaissance économique et sociale et un développement durable.
« Pour être juste, il est inévitable de dire que la réalité des femmes dans notre pays a beaucoup changé, même si les changements sur le terrain se font à un rythme lent couplé à une mauvaise répartition géographique », a-t-elle relevé.
Pour Mme Laili, le monde d’aujourd’hui a été bouleversé depuis l’apparition du virus Covid-19 et sa propagation dans le monde, tuant des milliers de personnes. « Nous croyons fermement que l’humanité a atteint une maturité qui la qualifie pour mieux comprendre son environnement, afin de renforcer les efforts de développement pour l’ère post-Covid. Cette nouvelle donne nécessite des mécanismes et des initiatives qui vont au-delà des stéréotypes et défient les obstacles sociologiques qui nous tirent encore arrière », a-t-elle soutenu.
Et d’ajouter que les sociétés arabes et africaines n’accordent pas autant de valeur aux capacités des femmes à participer à la création des richesses et à assumer des rôles de leadership et partant participer à la prise de décision. Ceci, a-t-elle enchaîné, nécessite des efforts concertés pour surmonter les contraintes et les obstacles, car le succès de tout modèle de développement dépend d’une réelle intégration des femmes dans tout le processus de développement. « Toute exclusion de la composante féminine est inévitablement un noyau sûr d’échec », a prévenu Mme Laili.
Dans une déclaration APA, la sénégalaise Toure Yaye Sioukeyna a souligné que ce Forum permettra d’échange d’opinions, d’idées et d’expériences entre les forces féminines afin de renforcer leur position et soutenir leur présence en tant qu’acteurs actifs et dynamiques impliqués dans les grands projets.
Pour elle, cet évènement permettra aussi de sceller des partenariats entre les associations féminines pour partager les expériences et les bonnes pratiques.
Même son de cloche chez la présidente du Réseau Paix et Sécurité pour les Femmes de l’Espace CEDEAO (REPSFECO), Mme Diago Ndiaye qui a relevé que le développement et la démocratie sont indissociables. « On ne peut parler de développement sans parler de démocratie », a-t-elle affirmé, soulignant que le leadership des femmes est « indispensable » pour le développement et la démocratie.
Elle s’est dit attendre à des recommandations « très fortes » de ce forum. « Comment explorer les moyens pour drainer des sources de financement, comment encadrer les femmes qui sont dans l’entreprenariat et comment faire pour initier la jeune génération pour qu’elle puisse assurer la relève », autant de recommandations que doivent, selon Mme Ndiaye, figurer parmi les recommandations.
Pour rappel, le REPSFECO a pour objectif de coordonner et d’optimiser les rôles et initiatives des femmes dans la prévention des conflits, le maintien de la paix et de la sécurité, les opérations de reconstruction post-conflit et la promotion des droits humains, particulièrement ceux des femmes et autres groupes vulnérables, pour assurer une paix durable au sein de la Communauté Economiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Au programme de ce Forum, l’inauguration d’une exposition de produits des coopératives locales ainsi qu’une soirée poétique et une autre artistique.