Chaque année, en Côte d’Ivoire, « entre 210.000 et 290.000 femmes pratiquent les avortements », parmi lequelles plusieurs engagées dans une sexualité précoce décèdent ou en sortent avec des complications pouvant entraîner la stérilité.
L’avortement clandestin touche malheureusement les jeunes filles dans les lycées et collèges du pays. La sexualité précoce des adolescents, parfois ignorants du cycle menstruel, conduit à des drames en cas de survenue de grossesse.
La peur d’affronter surtout les parents ou d’avoir un enfant non désiré, amène des jeunes filles à pratiquer l’avortement. Salomé, la trentaine raconte l’expérience de sa copine, qui déjà en classe de terminale se débarrassa d’une grossesse d’environ trois mois.
Cette amie, qui était à son troisième essai au BAC, vivait avec ses parents à Daoukro, dans le centre-est ivoirien, rapporte Salomé, ajoutant que quand elle su qu’elle était enceinte, elle se rendit chez un vendeur de médicaments chinois, qui lui donna des comprimés.
Ces comprimés, ingurgités en une seule prise selon les recommandations « sans manger ni sucré ni glacé », vont au bout de trois jours provoquer des saignements, à l’issue desquels, la grossesse va passer.
Le phénomène de l’avortement est présent partout dans le pays, surtout en zone urbaine. A Abengourou (Est), un jeune couturière avoua quelques minutes avant son décès, sur son lit d’hôpital, avoir fait un avortement qui a échoué. Mais hélas, c’était trop tard.
Une dame résidant dans son quartier, aux dires de ses proches, lui a prescrit des feuilles pour faire sauter la grossesse. Des complications surviendront plus tard, ce qui va nécessiter une intervention chirurgicale à l’issue de laquelle elle succombera.
Selon une sage-femme interrogée, qui a requis l’anonymat, des avortements clandestins sont toujours faits dans des cliniques, ce qui montre que ce phénomène est une réalité et nécessite une éducation accrue sur la santé maternelle.
Pour réduire les grossesses en milieu scolaire par l’utilisation des méthodes contraceptives, des campagnes sont menées dans les lycées et collèges du pays par des structures agréées par le ministère de l’Éducation nationale avec la collaboration du médico-scolaire.
« Quand on était en terminale, après la sensibilisation à l’école, nous sommes partis au médico-scolaire, où des élèves de sexe féminin ont expérimenté des implants et d’autres méthodes contraceptives pour éviter des grossesses », rapporte l’étudiante Deborah Zozoro.
Aujourd’hui, dans la vie active, une femme qui a fait des avortements depuis le collège, confie avoir échappé belle. Cette pratique ne sera pas sans conséquence, elle aura du mal à avoir un enfant, mais grâce à « la prière », elle a pu avoir un seul fils.
La législation, en Côte d’Ivoire, stipule qu’il n’y a pas d’infraction lorsqu’une interruption de la grossesse est nécessitée pour la sauvegarde de la vie de la mère dont le pronostic vital est très engagé.
Le médecin peut, seulement, procurer l’avortement à une victime de viol à la demande de celle-ci. Dans le cas du viol et du pronostic vital de la mère, le médecin traitant ou le chirurgien doit prendre l’avis de deux médecins consultants.
Toutefois, cela a lieu après examen. Ceux-ci attestent que la vie de la mère ne peut être sauvegardée qu’au moyen d’une telle intervention chirurgicale, thérapeutique ou que telle était la volonté de la victime de viol, dûment constatée par écrit.
Si le nombre de médecin résidant au lieu de l’intervention est de deux, le médecin traitant n’est tenu de prendre que l’avis de son confrère. Mais, si le médecin traitant est seul résidant au lieu de l’intervention, il atteste sur son honneur que la vie de la mère ne pouvait être sauvegardée que par l’intervention chirurgicale ou que telle était la volonté de la victime de viol.